« Du bénévolat en Afrique ? Mais pourquoi veux-tu aller dans ce drôle de pays, si arriéré et aux conditions si précaires ? » ; « Mais tu as vu tout ce qu’il s’y passe en ce moment ? Tu ne crois pas que tu pourrais trouver une autre destination pour répondre à ton envie d’aider les autres ? »
Voici les deux questions qui m’ont tout de suite été posées quand j’ai annoncé à ma famille mon choix de partir en Zambie faire du bénévolat en Afrique, 10ème pays plus pauvre du monde.
Des questions qui résument beaucoup de chose : l’ignorance que beaucoup peuvent avoir quant à ce CONTINENT, et non ce pays ; notre faculté à s’enliser dans nos croyances sans chercher réellement la vérité ; les manipulations de consciences causées par beaucoup de médias à force de ne montrer que les évènements dramatiques de ce monde, et non toutes les belles choses qui s’y passent aussi.
J’ai envie de partager avec vous cette expérience qui m’a marqué au fer rouge, cette expérience qui a réchauffé mon cœur pour plusieurs années et surtout, qui m’a permis de me poser une question essentielle qu’on ne se pose peut-être pas assez : et si la richesse n’était pas que quantifiable ?
A travers cet article, je ferai dans un premier temps une brève analyse de notre monde, puis je vous parlerai du sens et de ce que peut apporter le bénévolat à l’international.
Je vous raconterai par la suite mon expérience en Zambie et vous conseillerai du mieux possible en évoquant ma vision des choses et en vous donnant quelques astuces pour partir à votre tour dans des conditions optimales !
Bénévolat en Afrique, donner du sens à sa vie
« L’âme humaine grandit au travers d’expériences inédites »
Constat
Nous vivons dans un monde complexe et pleins de contrastes, un monde où des enfants se plaignent d’aller à l’école quand d’autres ne demandent que ça, un monde où des élèves dégradent le matériel mis à disposition quand d’autres étudient à même le sol.
Un monde où de grandes multinationales organisent des journées « ramassage de déchets » sur les plages pour embellir leur image, pendant que des centaines de milliers de poissons meurent chaque jour dans nos océans à cause du surplus de plastiques produit directement par ces multinationales.
Un monde où les géants de l’agro-alimentaire privatisent les sources d’eaux minérales et y interdisent l’accès aux locaux, un monde où plusieurs milliers d’enfants, femmes et hommes, africains, chinois et indiens pour ne citer qu’eux sont exploités dans des conditions insoupçonnables pour satisfaire nos désirs éphémères.
Peut-être ai-je le droit de dire qu’on marche sur la tête, ou que le monde ne tourne pas vraiment rond ? D’ailleurs, je parle à la première personne sans m’être présenté.
Je m’appelle Maxime DAVID, j’ai 23 ans. J’ai réalisé un Tour du Monde de 9 mois en compagnie de ma copine, Marion. Une expérience fabuleuse. Nous avons mis les pieds sur chaque continent, avons vécu des aventures extraordinaires, fait des rencontres inoubliables.
Mais aussi, nous avons eu une prise de conscience nécessaire mais qui secoue.
Commençons par quelques données chiffrées concernant deux thématiques fondamentales,
l’éducation et l’écologie :
- Selon les données de l’institut de statistiques de l’UNESCO, 20% des enfants de 6 à 12 ans dans le monde ne vont pas à l’école (1 sur 5 !)
- En Afrique subsaharienne, plus de 35% des enfants n’ont pas accès à l’éducation, et on atteint le pourcentage de 80% en Zambie !
- 2 continents de plastique formant respectivement la taille de l’Europe polluent nos océans
- 60% des animaux sauvages ont disparu en 40 ans selon l’INSEE
- 1 milliard d’animaux meurent en abattoir chaque année… et rien qu’en France
- 30 millions d’hectares de forêt, soit plus de 33 millions de terrains de football, ont été détruit depuis le 1er Janvier 2019
- 41 milliards de tonnes de CO2 dégagés par an dans le monde
- 20% des glaciers se sont effondrés en 15 ans à cause du réchauffement climatique.
Le bénévolat en Afrique : je me nourris de ce que je donne
Voici un constat bref mais percutant de l’état actuel de la planète dans laquelle nous vivons aujourd’hui.
Dire que nous en sommes tous responsables me paraît être incongru. L’Homme a créé une société de consommation basée sur la recherche constante de croissance économique et de profit, avec pour principe le plaisir, l’efficacité et l’optimisation du temps.
Nous sommes tous plus ou moins contraints de faire avec. Mais dire que nous ne pouvons plus rien changer est, selon moi, une forme d’ignorance, ou de paresse.
L’homme est un loup pour l’homme ? Sûrement.
Mais on peut changer ça et ça ne dépend que de nous. Il suffit de bien vouloir croire en autre chose.
L’aide, l’altruisme ou encore la bienveillance ne sont pas obligatoirement reliés à un statut ou à une quelconque mission. Nous devrions d’ailleurs tous avoir en tête que quelque soit notre métier ou notre activité, aider l’autre et agir pour la planète est toujours possible.
Et c’est possible partout ! Avoir la chance de naître sur le territoire français nous donne accès à l’enseignement et donc à la connaissance. Prendre conscience que cette chance est une richesse à partager est un pas énorme vers ce qu’on appelle « la solidarité internationale ».
Comme nous l’avons vu précédemment, un enfant sur cinq dans le monde n’a pas accès à l’école et ne sait donc pas lire, écrire ou même compter.
Dans le cadre d’une mission de solidarité dans l’éducation, vous pouvez apporter à un nombre incalculable d’enfants des connaissances qui n’ont pas de prix, leur donner des clés qui leur ouvriront des portes pour sortir de conditions parfois inavouables.
Sachez que les enfants vous rendront ce que vous leur apporterez à travers des sourires et des moments de complicité qui vous marqueront à vie. Vous les aiderez à grandir, mais eux vous feront grandir aussi.
Dans le cadre d’une mission de solidarité pour l’écologie, votre impact sera toujours bien plus important que ce que vous ne le pensez. Les actions de sensibilisations aux problèmes environnementaux sont fondamentales et urgentes, 80% de la population mondiale n’a pas conscience des problèmes que notre planète rencontre actuellement.
Replanter la mangrove au Sénégal, aider à la préservation des barrières de corail en Indonésie, ramasser les déchets dans des dunes du Pérou ou d’Afrique… Les possibilités d’actions de bénévolat en Afrique sont immenses et les enjeux sont énormes.
Donner de son temps et partager ses connaissances et son talent est peut-être la plus belle chose que l’on peut apporter à notre monde et aux plus démunis. C’est à la portée de tous, et de plus en plus valorisés par les nouvelles entreprises qui recherchent des personnes aux valeurs fortes, aux fortes capacités d’adaptation et actrices du changement.
Une mission de bénévolat peut même vous aider à trouver du travail… Raison de plus pour partir !
« Notre valeur se résume à ce que l’on fait »
Récit de mon voyage en Afrique
Bénévolat en Afrique avec mon expérience en Zambie
Après avoir vécu deux belles expériences de volontariat dans des écoles d’Indonésie et du Pérou, j’ai décidé de partir vivre une toute autre expérience, cette fois-ci en Afrique et plus particulièrement en Zambie.
La Zambie est un pays de 17 millions d’habitants, situé en Afrique Subsaharien et considéré comme le 10ème pays plus pauvre du monde.
C’est au travers de la plateforme collaborative Workaway que j’ai été contacté par Auldridge, un zambien ayant construit une école dans son village début 2019.
Avec pour l’ambition de donner accès à l’éducation aux jeunes enfants et de créer un contact entre la population locale et les occidentaux souhaitant participer à cette belle aventure humaine.
Je suis arrivé à Maramba en Juin 2019, un petit village situé près de la ville de Livingstone et des fameuses chutes Victoria. Après avoir parcouru le monde pendant 8 mois, je ne pensais pas que je me sentirai si dépaysé en arrivant.
En Afrique, on n’a pas beaucoup, alors on vit simplement. Très vite, on se rend compte que la danse, la musique et le rire font partie intégrante de leur façon de vivre, tout comme le partage et la convivialité.
Oui, la relation à l’autre est bien différente. J’ai pu m’en rendre compte les nombreuses fois où j’ai été invité à manger le fameux N’shima (dit « chima », constitué d’eau et de farine de maïs, c’est une pate très consistante) chez mes différents amis zambiens.
J’étais logé dans une maison simple mais spacieuse, dans le quartier « riche » de Maramba, en compagnie d’autres volontaires (allemands, hollandais, français). Nous partagions nos chambres et dormions dans des lits superposés.
Généralement, les zambiens vivent dans de petites maisons en bétons ou en bois, et dorment à même le sol ou sur de fins matelas.
Bénévolat en Afrique : Professeur d’anglais et de sport
J’étais professeur d’anglais et de sport dans une maisonnette faisant office d’école pour les 4-14 ans. Lors de mon premier jour, quelle surprise de voir que les enfants étudient… à même le sol !
Cependant, grâce à des donations venues d’un peu partout, l’école possède maintenant le minimum de fournitures pour pouvoir enseigner : stylos, cahiers, crayons à papier et de couleurs, gommes… Des tables et des chaises ont même pu être récupérées pour les classes des plus âgés !
Pour ma part, je me suis occupé de la classe des « bébés » âgés de 4 à 7 ans, tous les matins de 8h à 12h. Quelle joie d’entendre chaque matin en arrivant à l’école « teacher Matse teacher Matse ! »
(oui, « Max » n’était visiblement pas facile à prononcer !) et voir ces boutchous courir vers moi et me sauter dans les bras !
Au programme des pitchounes, de nombreuses chansons ludiques en anglais afin de les initier aux fondamentaux, des jeux et exercices pour leur apprendre les couleurs, les chiffres, les animaux aussi, des cours de dessins et de peinture.
Mais aussi des enseignements tels que le brossage de dents, l’importance de ne pas gaspiller ou de boire, la nécessité de recycler (aucune sensibilisation de la population aux enjeux écologiques ici et comme dans tous les pays en voie de développement).
Ou encore le respect d’autrui, camarades ou enseignants, filles ou garçons…
Les volontaires des autres classes, eux, dispensaient des cours un peu plus poussés à leurs élèves de quelques années supplémentaires, initiant ces jeunes adolescents à la lecture, l’écriture, les mathématiques, et en prenant le temps également de les sensibiliser aux risques omniprésents dans leur environnement, tel que le VIH par exemple…
Après quelques courses en centre-ville pour acquérir le strict minimum et pouvoir dispenser des cours de sport simples, j’ai proposé cette activité tous les jeudis et vendredis matins, afin que les 5 classes y aient accès.
Des jeux ludiques ainsi que des exercices un peu techniques de coordination ont fait la joie des enfants.
Ces enfants ont rempli mon cœur d’amour pour un bout de temps, j’espère leur avoir donné autant. Et je leur souhaite par dessus-tout d’avoir de nouveaux volontaires prochainement, sans qui le fonctionnement de l’école ne peut pas fonctionner : car l’éducation est bien leur seule chance de s’en sortir.
Bénévolat en Afrique : Coach de football
Le football est en Zambie et plus globalement partout en Afrique, une des choses les plus importantes dans la vie, peut-être même plus que la religion, elle aussi extrêmement présente dans l’esprit de chacun.
Chaque après-midi, je mettais ma casquette de coach de football pour entrainer l’équipe du village.
Pour mon premier entrainement, qui débutait normalement tous les jours à 15h, je suis arrivé un peu en avance, à 14h45. Je fus visiblement le premier sur place. A 15h, certains commençaient à pointer le bout de leur nez, dont Auldridge, présent pour le premier entrainement afin de me présenter aux joueurs.
Je comprendrai que plus tard ce qu’est en réalité le zambian time : 15h = 15h45-16h. Et c’est pour tout pareil : il faut juste s’y habituer !
Pour ma première séance, je me suis retrouvé face à une vingtaine de joueurs, âgés de 18 à 28 ans.
Durant les 4 semaines d’entrainement, j’ai été agréablement surpris par l’intensité que les joueurs mettaient durant les temps de jeu malgré les fortes chaleurs, et le respect que ces jeunes gaillards m’ont accordé.
En les valorisant et en les encourageant régulièrement, j’ai pu créer un lien particulier avec chacun d’entre eux, ce qui a été une grande victoire, car les zambiens n’ont pas pour habitude de montrer leurs émotions.
Une fois par semaine, je proposais également aux enfants « de la rue » (vivant dans la rue nuit et jour ou y passant 80% de leur temps car pas d’accès à l’école) un entrainement encadré et planifié avec le matériel mis à disposition pour l’équipe des adultes.
Pour ça, j’allais voir les enfants observant timidement les entrainements des adultes, ou je les abordais directement dans les villages. Sportivement, tout n’a pas été simple, et surtout au début : de nombreux retards, des incapacités physiques à courir correctement ou à faire une passe.
Mais j’ai été très surpris de constater, une fois de plus, le respect sincère à mon égard et l’absence totale de problèmes de comportements.
Les valorisant et les félicitant au maximum, j’ai d’abord eu droit à des regards remplis d’incompréhension, car ils ne sont pas habitués à ça, puis à quelques sourires.
Et ça, c’est en réalité ma plus belle victoire. Car ces enfants n’ont besoin que de deux choses : d’un cadre, et de l’amour.
Mes conseils, mon avis
De nombreux pays africains développent de plus en plus le système de solidarité internationale pour s’améliorer dans leur système éducatif et social.
Il est fondamental pour eux de suivre cette tendance et d’engendrer un maximum de nouvelles connaissances pour devenir autonome et créer des générations instruites et donc plus fortes.
L’Afrique est un des continents les plus riches du monde et pourtant les conditions de vie sont considérées comme les plus précaires.
Nous devons les aider à se développer et à reprendre le contrôle de leurs ressources grâce au bénévolat en Afrique. Et cela passe par l’instruction et l’éducation. Sans vouloir transposer notre modèle occidental, nous avons une valeur ajoutée grâce à nos connaissances qui ne demande qu’à être transmise.
Mais eux aussi ont tant à nous apprendre. Partir en Afrique subsaharienne pour aller à la rencontre de cette population ne peut être qu’une expérience mémorable.
Leur joie de vivre, leur culture, leur façon de voir la vie vous marquera forcément d’une manière ou d’une autre. Ils vous apporteront une ouverture sur le monde inédite qui vous transformera à jamais.
Cependant, il est important de préciser que l’homme à la peau claire est forcément synonyme de richesse pour eux. Il est indispensable de prendre quelques mesures de précautions relativement basiques.
Pour ma part, je ne me suis jamais senti en danger durant mes 30 jours en Zambie, mais je respectais certaines règles de sécurité que l’on vous donnera aussi lors de votre arrivée si vous partez via une association ou une plateforme collaborative.
Les plateformes collaboratives ou associations que je conseille de part mon vécu pour faire de la solidarité internationale :
- Workaway : Accès à plusieurs dizaines de milliers d’offres dans le monde entier, pour des missions très variées (sport, éducation, écologie, fille au père…) ; feedback disponible pour chaque offre afin de se rassurer avant de partir ! Pour ma part, deux expériences via Workaway, en Chine et en Zambie, deux aventures extraordinaires (possibilité de convertir des volontariats en stage d’étude) → 35 euros pour un an https://www.workaway.info/
- Abeille Asso : créée par une amie, Julie Deguys, l’Abeille Asso comporte aujourd’hui une multitude d’offres sur les thèmes de l’éco-responsabilité, du sport, de l’éducation et même de la défense animale ! Chaque offre a été testée sur le terrain. Possibilité deconvertir des volontariats en stage d’étude ! → 10 euros, pas de limite de temps. http://labeilleasso.com/
- Los Chicos de Cusco : association française créée pour faire venir des bénévoles dans des écoles du Pérou ou parrainer des péruviens. Association très sérieuse avec un suivi. Je recommande le volontariat dans l’école ASVIN. Seul avertissement : être stable sur ses jambes car les enfants vous sauteront dessus de 8h à 13h 😉 → Pas de frais d’inscription https://ecolesandines.com/fr/
Bénévolat en Afrique : Mise en garde
La solidarité internationale devient de plus en plus populaire : de ce fait, certaines organisations essaient d’en profiter et créent un business très lucratif autour de ça.
Certains sont prêts à payer cher pour partir se rendre utile : grave erreur. Ne payez jamais des sommes astronomiques pour partir faire du volontariat, pour la simple et bonne raison que l’argent n’ira jamais chez ceux pour qui vous donner et qui en aurait vraiment besoin.
Donner de son temps, acheter sur place des affaires, du matériel scolaire, offrir des repas, etc… est une excellente idée mais évitez au maximum les intermédiaires, surtout fictifs.
Conclusion sur le bénévolat en Afrique
Toute personne qui souhaite se rendre utile et apporter sa contribution en réalisant des actions de solidarité internationale possède aujourd’hui une multitude de possibilités pour partir dans des conditions sécurisées et encadrées.
J’ai vraiment pris conscience durant mon Tour du Monde de l’urgence dans laquelle nous sommes et de toutes les possibilités qui existent aujourd’hui pour permettre à chacun d’entre nous de voyager tout en étant utile.
Mes expériences de volontariat en Asie, Amérique du Sud et Afrique resteront les plus bons souvenirs de ce voyage. Les rencontres que vous ferez en agissant ainsi seront d’autant plus authentiques et le bonheur qui en ressortira restera en vous pour longtemps.
Si tu as aimé cet article, je t’invite à lire : Comment faire du bénévolat en France et à l’étranger ?